AVRIL

Le 1er Avril

Le 1er Avril, lors des Vénéralia, Vénus accueillait les hommages des femmes de Rome. Les cérémonies avaient lieu dans un petit temple dont nous ne connaissons pas l'emplacement...

Nous avons sur un denier la représentation de la statue : Vénus, avec sur l'épaule son fils cupidon, portant dans sa mains droite une balance (l'harmonie amoureuse ?) et dans la gauche un long sceptre (la puissance de l'Amour ?)

Ce jour là, les romaines de toutes conditions prenaient un bain, la tête couronnée de Myrte.

Le Myrte était une plante assimilée à la beauté et à la féminité et donc... à Vénus Il suffit de se rappeler son odeur capiteuse et suave comme celle de la déesse.

Le doux parfum de Cypris... Le parfum qu'elle offre à Junon pour séduire Jupiter. Celui dont elle pare Paris avant qu'il ne séduise ou rejoigne Hélène... Celui que ses servantes répandent sur son autel...

Bref le parfum de l'Amour, celui auquel on ne peut résister et qui invite à toutes les folies

Donc, le 1er Avril, les femmes se parent de myrte et non pas de Bacchanales… une fête en toute décence... une fête de matrones... Venus "tourneuses de coeurs", pas de têtes !!!!

C'est Ovide dans les fastes qui nous donne les détails de la cérémonie.

"Vous honorez la déesse selon le rite, mères et jeunes femmes du Latium, et vous, qui ne portez pas de bandelettes ni de robe traînante.

Détachez les colliers d'or de son cou de marbre, détachez ses bijoux : il faut laver la déesse toute entière. Remettez les colliers d'or à son cou : il faut lui donner à présent d'autres fleurs, la parer d'autres roses.

Elle vous ordonne à vous aussi de vous laver sous le myrte vert. Pourquoi tout cela ? La déesse vous l'explique.

Une jour où, toute nue sur le rivage, elle séchait ses cheveux ruisselants, un groupe effronté de satyres vit la déesse.

Elle s'en aperçut et dissimula son corps derrière un écran de myrte. Ce faisant elle se mit à l'abri et elle vous prescrit de commémorer ce geste.

Et n'hésitez pas à absorber une potion de pavot écrasé dans du lait blanc comme neige et du miel liquide fraîchement extrait des rayons. Quand Vénus fut menée pour la première fois à son fougueux mari, elle prit ce breuvage. A partir de ce moment, elle a été son épouse.

Gagnez sa faveur par vos invocations ; sous ses auspices, vous conservez beauté, moralité et bonne réputation. Au temps de nos ancêtres, Rome vit se relâcher sa pudeur.

Vous, les anciens, vous avez consulté la vieille Sibylle de Cumes. Elle prescrit de construire un temple à Vénus. Cette construction dûment faite, Vénus porte depuis lors un nom tiré du changement des coeurs.

Ô toute belle, jette toujours un regard bienveillant sur tes Énéades et veille, ô déesse, sur tant de générations de tes filles !"

En fait cette Vénus tourneuse de coeurs symbolisait et assurait la concorde conjugale...

 

Pourquoi Vénus et Avril

Ovide nous donne quelques explications.

Il met en relation le mot "aprilis" (=Avril) avec le mot grec "aphros" (="écume"), évoquant ainsi Aphrodite, née de l'écume de la mer. Il justifie ce rapprochement par les liens de l'Italie, jadis appelée Grande-Grèce, avec la Grèce en énumérant les nombreux héros grecs (Évandre, Hercule, Ulysse, Diomède, etc...) qui passèrent par l'Italie ou s'y établirent.

Il rapproche ensuite "aprilis"(=Avril) avec aperire (="ouvrir"). Cette étymologie permet à Ovide un vibrant éloge de Vénus, dont le mois "ouvre" le printemps, et qui impose ses lois à tout l'univers : c'est elle qui a créé les dieux ; maîtresse de la vie et de l'amour, elle a en outre introduit chez les humains le raffinement, l'éloquence et les arts.

Enfin, notre poète souligne sont les liens privilégiés de Rome avec la déesse. Vénus, à qui le Troyen Pâris avait décerné le prix de beauté, avait choisi le parti des Troyens. Elle a même été blessée, lors d'un engagement, par Diomède le redoutable qui n'avait peur de rien pas même des Dieux.

On se souvient de sa liaison avec le Troyen Anchise, père d'Enée le fondateur de Rome et grand père d'Iule... dont descendent les Iules...la famille Iulia... et donc César.

Vénus avec son cortège de roses et d'oiseaux, incarne parfaitement le printemps. Elle est, rappelons-nous, la maitresse de Mars, le Dieu du Printemps de la guerre. Vénus est l'idéal du "repos du guerrier".

De plus, notre déesse née de l'onde, est célébrée au Printemps, époque où les bateaux retournent en mer... directement liée à Mars, à l'époque de la reprise de la navigation sur la mer d'où elle est née.

Voilà, le conte est fini. Alors le 1er Avril, au lieu de vous jeter des poissons à la tête ou de les accrocher dans le dos... Couronnez-vous de myrte, parez-vous et fêtez votre amoureux en répandant sur son corps le "doux parfum de Cypris".

 

 

 

Le 4 Avril

A partir du 4 Avril, Fêtez et célébrez Cybèle, Démeter, Cérès... Incarnations parfaites de la Grande Désse !
 
Entre le 4 et le 10 Avril de Grands Jeux réunissaient le peuple dans la joie : Les Ludi Megalenses
Ils avaient été institués, en 204 avant J.C., pour célébrer l'arrivée depuis Pessinonte d'une grande divinité : La grande Mère des Dieux, la puissante et terrible Cybèle.
On la célébrait avec des courses de chevaux, de chars, des pièces de théâtre.... et des festins.

Une procession bruyante et colorée présidait à l'ouverture de ces jeux.
Ovide décrit ce cortège
"Alors résonnera la flûte bérécynienne, au cornet recourbé : ce sera la fête de la mère de l'Ida. 
On verra le défilé des eunuques qui frappent leurs tambourins creux et le bronze choqué sur le bronze grondera.
La déesse sera portée dans les rues de la ville sur la nuque de ses serviteurs émasculés, au milieu des hurlements... 
J'aimerai poser des questions ! Mais le son aigu des instruments de bronze m'effare et aussi le son strident du lotus courbe."
La procession bigarrée apparaissait exotique pour nos chers romains : instruments bizarres, robes safran, maquillage outrancier, miroirs et bijoux des prêtres d'Atys appelés Galles... 
La procession précédait le char de la déesse tiré par des lions. Là, se tenait la statue somptueuse de la Grande Mère en majesté, couronnée d'une coiffure en forme de tour, devant elle le coffret contenant "la pierre noire", première représentation de la déesse. 
On menait le char jusqu'au fleuve pour baigner la déesse. Ensuite on couronnait la statue de fleurs.
Cette pierre noire, un aérolithe sans doute, fut demandée par le Sénat Romain, en 204 avant J.C., au roi Attale de Pergame (en Phrygie Asie mineure) pour protéger Rome d'Hannibal.
En effet quand les Carthaginois d'Hannibal envahirent l'Italie, un oracle de la Sibylle de Cumes énonça  que les ennemis seraient vaincus si le culte de Cybèle était introduit à Rome.
Hannibal fut vaincu en 202 à Zama et on attribua à la déesse cette grande victoire des Romains sur les Phéniciens.

Le culte de Kubila, la Grande mère ou Mère des Dieux que les Grecs et les Romains nommèrent Cybèle ou Agdistis venait de Phrygie. 
Personnifiant la nature féconde, la déesse était adorée sur le mont Dindymon sous le nom de "Mère Montagne". 
Cybèle, abandonnée à sa naissance, fut recueillie par un félin qui l'initia aux Mystères, et c'est pourquoi son trône était gardé par deux léopards ou deux lions. Cybèle disposait de toutes les richesses de la terre. 
Elle tomba amoureuse d’Atys qu’elle avait vu endormi sur la rive du fleuve Gallos. Elle le coiffa d’un bonnet étoilé, et le garda auprès d’elle. Atys était fils de la déesse vierge Dana qui le conçut en mangeant une amande. 
Il abandonna Cybèle pour épouser "la fille du fleuve" Sagaritis, une nymphe dont il était amoureux. 
Cybèle, folle de colère, provoqua la mort de Sagaritis. 
Désespéré, Atys s'émascula. 
Emue par sa douleur, la déesse primordiale ranima le dieu repentant qui revint alors vivre près elle. 
D'autres textes disent qu'elle le changea en pin c'est pourquoi les prêtres, en rappel de la passion d'Atys, s'autocastraient et promenaient au travers des villes un pin.
Ces légendes du cycle de Cybèle et d’Atys venaient d’Orient, donc violentes et exotiques pour les Romains. Cybèle dans la manifestation des ses mystères et dans sa relation à Atys n'est pas une déesse champêtre et souriante.

Plusieurs empereurs romains dont Claude, favorisèrent les cultes de Cybèle et Atys. Un temple fut construit au mont Palatin.
Les solennités des "Attideia" furent autorisées avant le "Lavatio". 
Commémorant la passion d'Atys, elles commençaient, le 15 MArs, par une neuvaine d'abstinences alimentaires et sexuelles. C'était l'entrée du roseau, un cortège agitant des palmes qui se rendait au temple du mont Palatin.
Le 22 mars, on célébrait "l'entrée de l'arbre". Les porteurs apportaient au temple un pin coupé et décoré de guirlandes de violettes qui représentait le cadavre d'Atys. 
Il était longuement adoré et pleuré puis mis au tombeau le 24 mars, "Jour du Sang", avec un cérémonial sanglant. Les fidèles et les "galles" dansaient frénétiquement au son des tambourins et des trompes, en se lacérant pour éclabousser de sang le pin sacré et ses abords. Des fanatiques se castraient alors avec des éclats de silex mis à leur disposition. Marqués au fer rouge, ils s'en allaient en ville jeter cette "moisson du dieu Gallos" en une quelconque maison dont les habitants devaient alors les nourrir et les vêtir d'habits féminins. 
La nuit suivante, "la grande veillée", préparait la résurrection d'Atys.  
Au matin du 25 Mars, le "Jour de joie" fêtait la résurrection d'Atys. L'empereur et le Sénat menait un joyeux cortège jusqu'au temple où Atys était proclamé ressuscité.

On le voit ce culte n'est pas sans évoquer certaines étapes de notre Pâques chrétienne. Encore une fois : nihil novi sub sole !

Le 15 avril

Le 15 Avril célébrez la terre féconde...

... Lorsque se sera levé le troisième jour après les Ides de Vénus,
Pontifes, offrez en sacrifice agréable une vache pleine.
Une vache qui porte est dite Forda et sa portée désigne qu'elle est féconde.
On pense que les foetus aussi tirent de là leur nom.
A ce moment, le bétail est gravide ; gravide aussi la terre ensemencée.
A la Terre pleine est offerte une victime pleine.
Une partie des victimes est immolée sur la citadelle de Jupiter ;
à chacune des trente curies échoit une vache, et le sang répandu dégouline.
Mais, dès que les préposés ont arraché les veaux aux entrailles de leur mère et offert les morceaux de fressure sur les foyers fumants,
la Vestale la plus âgée brûle les veaux dans le feu : cette cendre servira à purifier le peuple au jour de Palès.
Ovide, Fastes IV, 629-641

Nous vous invitons à célébrer la fête la plus impressionnante peut être de l'année romaine. 
Elle avait lieu dans le cadre de la Curie, plus vieille division du peuple. A Rome il en existait trente. C’est une fête plébéienne. Par opposition aux fêtes de la Grande Déesse réservées aux patriciens et dont nous avons parlé. 
Le 15 Avril les pontifes égorgent deux vaches pleines pour chacune d’entre elles, une au Capitole et une dans chaque Curie.
Ensuite, on arrache des entrailles des vaches égorgées, les embryons des veaux que l'on fait griller. 
On en confie ensuite les cendres à la grande Vestale qui les conserve avec des tiges de fèves creuses et le sang qui a coulé de la queue du cheval d'Octobre dont nous reparlerons, en Octobre...
Ces trois restes sacrificiels seront distribués au peuple le 21 Avril lors des Parilia.
On offre en sacrifice une vache pleine parce que comme le rappelle Ovide : « A la Terre pleine, on offre une victime pleine. »
Le vieux roi Numa offrit le premier ce sacrifice pour faire cesser une épidémie, sur l'ordre du dieu Faunus. 
On peut assimiler ce Faunus à Pan, divinité d’Arcadie, où s’élevait le mont Ménale. 
Les Romains célébraient Faunus à plusieurs reprises dans l’année notamment lors des Lupercales ou pour conjurer la foudre.
Sa maîtresse, la nymphe Egérie l'aida en lui révélant la signification de l'oracle de Faunus : « Il faut sacrifier, roi, deux vies en une » 
Etrange oracle on l'avouera. Mais Egérie en comprend la signification : il s'agit d'une vache qui porte un veau et qu'on appelle « forda » (du verbe « ferre » - porter).
C’est pourquoi le sacrifice s'appelle « le meurtre des vaches pleines » : Fordicidia (du verbe caeso qui signifie aussi tuer)
Égérie est déjà intervenue pour aider Numa à conjurer la foudre. Ovide nous précise qu'elle vivait dans le bois sacré de la Diane d'Aricie. 
Le sacrifice était donc offert, toujours d'après Ovide à Tellus, la terre pleine, pleine de semence dont il faut aider la délivrance le jour venue. Le produit de la terre lui aussi sera arraché à ses entrailles, puis transformé en grain et farine, et servira, une fois « brûlé » (cuit au four) à nourrir les hommes.
Le sort que subit l'embryon de veau préfigure et garantit celui que subira le grain qui après passage lui aussi par le feu deviendra le pain…
Le pain sert à nourrir les hommes, la boucle est bouclée.
Relisons le poète : « Au temps du roi Numa, la récolte ne répondant pas aux efforts fournis, les voeux des cultivateurs déçus demeuraient sans effets.
L'année souffrait de sécheresse, sous l'Aquilon glacial ; ou les champs étaient gorgés d'eau, à cause de pluies incessantes.
Souvent Cérès, dès l'apparition des premières pousses,décevait le maître, et la folle avoine envahissante occupait le sol ; les troupeaux mettaient bas des prématurés avant leur terme et l'agneau naissant causait souvent la mort de la brebis.
Une antique forêt, longtemps restée à l'abri des coups de hache,
abritait un lieu sacré, réservé au dieu du Ménale.
Ce dieu fournissait des réponses aux esprits au repos, dans la nuit silencieuse. 
En ce lieu, Numa immole deux brebis. Il offre la première à Faunus, la seconde au doux Sommeil.
Il étend les deux toisons sur le sol dur. Deux fois il inonde d'eau de source sa tête chevelue, deux fois, il se couvre les tempes de feuilles de hêtre.
Il s'abstient des plaisirs de Vénus ; à table, la viande est interdite et ses doigts ne portent aucun anneau.
Vêtu d'un habit grossier, il s'étend sur les toisons nouvelles après avoir invoqué le dieu dans les termes adéquats.
Pendant ce temps, vient la Nuit, le front serein orné de pavot, entraînant avec elle les songes noirs.
Faunus se présente et, piétinant lourdement les peaux de mouton, énonce les mots suivants, depuis le côté droit de la couche et dit : "On te réclame la fressure d'une vache pleine."
On offre la fressure d'une vache pleine ; l'année s'avère féconde, et la terre autant que le bétail portent des fruits. 
Ovide, Fastes IV, 629-641

Le 19 Avril

Le 19 Avril, fêtons les Cerialia

Depuis le 12 Avril, on se le rappelle nous étions dans période des grands Jeux dédiés à Cérès mais, le 19 Avril, c’est la déesse elle-même qu’il convient de célébrer.

Dans les temps reculés, Cérès n'était qu'une modeste déesse, très fonctionnelle, elle protégeait une des étapes de la culture des terres : la croissance des plantes et plus spécifiquement des céréales. Mais, peu à peu elle devint puissante jusqu’à évincer tous les autres dieux et patronner l'ensemble de la fonction agricole.

Elle partageait, dans un coin du grand Cirque, au pied de l'Aventin, avec Liber et Libera, un temple de style grec, le premier dans l’Urbs, bâti par des Grecs

 

Le culte de la déesse grecque Déméter, latinisé en Cérès, fut introduit à Rome en 493 avant J.C. selon un ordre des livres Sybillins (encore et toujours ces fameux livres...).

Le culte lui-même, admis parmi les sacra publica, resta entièrement grec.

Les prêtresses étaient d’origine Grecque, les prières et les rites étaient célébrés en grec.

Le 19 Avril on célébrait le retour de Proserpine, la fille de la déesse, depuis sa demeure des Enfers, où elle résidait 6 mois par an avec son époux, le dieu des Enfers, le redoutable Pluton. C’était une fête joyeuse, on s’habillait de blanc.

Il n’y avait pas vraiment de sacrifice sanglant, on se contentait de gâteaux de miel, avec du lait, de l'encens et des flambeaux allumés. Les édiles de la plèbe sacrifiaient une truie et partageaient l'épeautre et le sel, gâteau sacrificiel préparé par les vestales plus connu sous le nom de Mola Salsa

Le culte de Cérès à Rome s'adressait surtout aux plébéiens, exclus des sacra gentilicia des familles patriciennes. Aussi ce nouveau culte fut-il placé sous la surveillance des édiles plébéiens. C'est là, près de ce temple que, sous la surveillance de ces magistrats on distribuait le blé et le pain qui, dans les temps de détresse, étaient accordés au peuple

 

Après le sacrifice, auquel assistaient les trois divinités, allongées sur des lits de parade, commençaient les Jeux qui duraient désormais plusieurs jours.

 

A cette occasion, les plébéiens invitaient les patriciens qui à leur tour les conviaient aux Megalesia dont nous avons déjà parlé (fêtes de Cybèle).

Nous sommes le 19 avril, la fête bat son plein.

A la campagne, on organise une procession autour des champs et on célèbre Cérès par des offrandes et en buvant du vin mêlé de lait et de miel...

A Rome, cette procession joyeuse se rend au cirque pour assister à des courses de chevaux et des distributions de noix et de bonbons.

A la suite des courses de chevaux, au Grand Cirque avait lieu une course étrange et cruelle. On faisait courir des renards sur le dos desquels on avait attaché des torches enflammées. Ce rituel primitif avait un rapport avec le soleil c'est pourquoi on le pratiquait dans le Cirque, lieu circulaire par excellence.

Ovide nous dit qu’on espérait par cette course, combattre la maladie, la rouille couleur qu’évoque le pelage du renard.

Au même moment on célébrait également par un sacrifice de chiennes rousse (cousines des renards) Sirius, l'Astre rouge, responsable de la Canicule

On a peu de textes pour décrire cette cérémonie, mis à part celui d’Ovide dans son recueil « Les Fastes » :

Passant par là, j'allais chez les Pélignes, ma terre natale, territoire réduit, mais où toujours on rencontre de l'eau en abondance.

Je suis entré chez un vieil hôte, dans une maison qui m'était familière

(Phébus déjà avait retiré leur joug à ses chevaux au bout de leur course).

Le vieux avait l'habitude de me conter une foule de choses, et notamment celle-ci, qui me permet de développer l'ouvrage qui m'occupe maintenant.

"Dans cette plaine", dit-il en me la montrant, "il y avait un petit champ, appartenant à une paysanne regardante et à son rude mari. L'homme parcourait sa terre, en se servant d'une charrue ou d'une faucille recourbée ou d'un hoyau. Quant à la femme, tantôt elle balayait sa ferme étayée par des piliers, tantôt elle déposait des oeufs sous les plumes d'une couveuse, cueillait des mauves vertes ou des champignons blancs, ou alimentait un feu bienfaisant dans un modeste foyer. Et cependant, elle ne cessait de se fatiguer les bras à tisser, et à s'armer ainsi contre les menaces du froid. Son fils était espiègle, dans les premières années de son âge, à deux lustres il avait ajouté deux années. Au fond d'une vallée encaissée, plantée de saules, il attrapa un renard qui avait enlevé nombre de volailles de leur basse-cour. Il enveloppa de paille et de foin la bête capturée, et y mit le feu. Le renard échappa à ces mains incendiaires. Partout où il fuyait, il mettait le feu aux champs couverts de moissons ; le vent qui soufflait donnait des forces au feu dévastateur. 

L'événement est passé, le souvenir en subsiste. Maintenant encore, une loi de Carséoli interdit de laisser vivre un renard capturé, et pour expier sa peine, cette race est brûlée lors des Cerealia, et elle périt, de la façon dont elle a fait périr les récoltes".

Ovide, Fastes, 470

Le 21 Avril

attisées avec du souffre. On offrait à la déesse des gâteaux de millet, du  lait et on buvait du vin cuit.

On psalmodiait quatre fois de suite une longue prière en se tournant vers l’Est.

Ovide prétend avoir souvent participé à cette fête champêtre :

« Oui j’ai souvent porté à pleines mains la cendre de veau et la tige creuse de fèves, substance de purification… Oui j’ai sauté trois fois par-dessus les feux en file quand le laurier mouillé m’a eu aspergé d’eau en gouttes »

Il fallait aller retirer dans la maison des Vestales ce mélange composé du sang du cheval d’Octobre, de la cendre des veaux brûlés lors des Fordicidia et des tiges creuses de fèves. On purifiait aussi le foyer du temple de Vesta sur le forum.

Cette fête d’essence essentiellement pastorale se déroulait à Rome sans doute sur le mont Palatin près des lieux historiques de la fondation de la Ville

On reliait, à partir d’Hadrien, la date du 21 Avril à la fondation de Rome, jour où selon la légende les paysans avaient incendié  leurs huttes pour s’installer à l’intérieur d’une ville désormais entourées de solides remparts.

A ce propos, rappelons quelques étapes de la Fondation de Rome : une fois adultes, Romulus et Rémus décidèrent de fonder une ville. Ils consultèrent les augures pour savoir qui des deux donnerait son nom à la ville.

Rémus, le premier vit six vautours voler dans le ciel, aussitôt après, Romulus douze. Rémus les avait vu en premier mais Romulus en avait vu plus… Ce fut donc Romulus qui fut désigné pour accomplir les cérémonies de la fondation.

Alors qu'il traçait le pomœrium, sillon sacré délimitant la ville, soulevant de temps en temps l'araire pour délimiter des portes, Rémus, pour se moquer franchit d'un pas ce rempart symbolique. Romulus, considérant cette attitude comme un manque de respect et une intolérable incursion dans sa ville, le tua.

La déesse Palès, donna-t-elle son nom au mont Palatin ? Fut-elle la première déesse protectrice de la Ville, construite sur cette colline ? On peut le penser.

Le 23 Avril Vinalia Priora

Grand jour que ce jour là, le vin nouveau arrive à Rome. Mais, on ne peut pas le boire avant d’avoir accompli une cérémonie…. sur le parvis du temple de Vénus.

Pourtant l’offrande se fait comme c’est la coutume en l’honneur de Jupiter. C’est le flamine Dialis, prêtre du Roi des Dieux, qui accomplit cette libation. Ensuite on ouvre les jarres et les hommes, les hommes seulement, peuvent goûter le vin

On faisait remonter cette fête au vœu prononcé par Énée de consacrer la vendange à Jupiter s'il parvenait à vaincre le roi Latin, Turnus.

« Les vinalia ne concernent que le raisin mais on les a instituées pour déguster le vin » comme le rappelle Ovide

Vénus l’amour, le Vin… l’alliance est parfaite !

 

 

Du 28 avril au 2 mai

Les Floralies, 28 Avril – 2 Mai

Flore, la déesse des jardins, des prés fleuries,du vin, du miel, des roses, de la grâce et.. de l'éphémère.. Flore la belle et jeune déesse va tout naturellement se retrouver à protéger... les courtisanes

Dans cette fête qui a lieu du 28 Avril au 2 Mai, tout évoque la fécondité.

En effet on distribue des pois, des fèves, des lupins. Dans le Cirque, lors des Jeux Floraux, on capture des daims, des lièvres.

Mais cette fête évoque aussi la joie, la légèreté d'être... Les vêtements sont colorés, les flambeaux brillent.

« J'allais demander pourquoi la licence était plus grande en ces jeux et les plaisanteries plus libres. Mais je me ravisai : la déesse n'est point sévère et nous offre des dons adaptés aux plaisirs. Toutes les tempes sont alors couronnées par des fleurs en guirlandes et la vaisselle aux reflets brillants disparaît sous les roses qu'on sème sur la table. »

Ovide décrit fort bien l'esprit de la fête.

Mais ce n'est pas là qu'à lieu le spectacle, c'est au théâtre. Là, les prostituées de toutes conditions, filles à deux as et courtisanes de haut vol, dansent au son de la flûte, ôtant à la demande des spectateurs les pièces de leur costume, une sorte d'effeuillage à la cantonade.

« Outre les audaces de langage qui déversent toute l'obscénité possible, les prostitués qui tiennent le rôle de mimes se défont même de leurs vêtements à la demande du peuple et s'offrent au public, jusqu'à la satiété de ses yeux impudiques avec des mouvements honteux ».

C'est ainsi que Lactance, écrivain Latin chrétien comprend les Floralies, elles le choquent mais il les décrit fort bien ce qui nous donne à penser qu'il ne fermait pas les yeux et les observait avec attention... Ah ! Pruderie quand tu nous tiens !….

C'est on le voit, une fête où la sexualité, la sensualité, ce qui n'est pas coutume à Rome, s'exprime ouvertement, sous les lumineux cieux du Mai Romain....

Kairé !

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