MAI
13-14 et 15 mai
Les Lemuria et Argées
Les Romains avaient grand soin des disparus, on les honorait et on prenait grand soin de leur bien être dans l'au delà.
Je vous reparlerai un jour des rites pour les morts, cela me semble important car pour un légionnaire la mort fait encore plus que pour un simple citoyen, partie de la vie quotidienne... mais
cela est une autre histoire....
Un des rites les plus importants, voir obsessionnel dans le calendrier des Romains, était celui des Lemuria, rite qui libérait d'abord la maison (l'espace privé) puis la Cité des puissances
ténébreuses de l'Au delà.
Il était important de chasser hors de la maison les "ombres silencieuses des chers disparus" qui aurait eu le goût de hanter leur ancienne demeure et ainsi de perturber l'ordre, le repos des
habitants de la demeure.
Pour un Romain, les morts sont à la Mort, ils ont vécus, la Vie aux vivants....
Les interférences troublent l'ordre du monde !
Le père de Famille, la nuit du 13 mai, devait donc, après s'être lavé les mains, sortir pieds nus (la nudité est importante dans un acte magique car il ne doit pas y avoir d'obstacle entre la magie
et celui qui la pratique).
Il s'éloignait de la maison, sans regarder derrière lui, neuf fèves noires dans la bouche.
Les Ombres, attirées par les fèves le suivaient. La fève c'est le légume des Morts, disait que les filaments de la fève se mêlaient pour former le mot Luctus - Deuil
Une par une, il recrachait les fèves et les jetait par dessus son épaule.
A chaque fève rejetée, une ombre s'arrêtait.
Quand il jugeait qu'il était suffisamment loin des ombres, il se mettait à frapper de grands coups sur un chaudron de bronze en prononçant neuf fois la formule magique : "Manes, exite
paterni", ce qui pourrait se traduire par Esprits/Ames de mes Pères/Ancêtres allez vous en !
Le 9, c'est 3 fois 3, le chiffre lié à la mort.
On se rappelle que lors du gros souper, on fait derrière le Pater famillias, trois fois le tour de la table et qu'avant de partir à la messe de minuit, on relève les coins de la nappe en les
nouant pour pas que les Ameto - ombres errantes du purgatoire - tiens, tiens des ombres errantes qui connaissent la maison.... pour pas que les Ameto donc ne viennent manger le
repas et les desserts qui sont restés sur la table !
Le lendemain, dans la nuit du 14 Mai, il recommençait la même opération.
Le 15 Mai, jour des Ides de Mai, à Rome, se réunissaient, sur le vieux pont Sublicius - dernier pont sur le Tibre avant la mer- la femme du flamine de Jupiter en habits de deuil (cheveux
défaits et ongles non coupés), les Vestales, les autorités civiles et religieuses de la Ville et des citoyens "habillés" sur lesquels Denys d'Halicarnasse, qui rapporte la cérémonie, ne donne pas
plus de précision.
Les prêtresses jetaient dans le fleuve, 27 mannequins en osier mains et pieds entravés. De nombreuses hypothèses se sont formées pour expliquer cette cérémonie : réminiscence d'un sacrifice humain
comme pensaient déjà les Auteurs Anciens parce que déjà à l'époque antique classique on ne savait plus très bien pourquoi on faisait cela (c'est cela la force des rites).
Cependant la date - le lendemain de la fête des morts - pourrait donner à penser qu'il s'agissait de débarrasser la Ville des souillures liées à la mort.
Les mannequins pourraient représenter les ombres des noyés qui errent et agacent les humains parce qu'ils n'ont pas pu être enterrés et trouver les repos. Je vous rappelle que sans sépulture, pas de
repos éternel.
Les citoyens présents seraient les membres de la famille d'un noyé... Le Tibre, emportant avec lui ces ombres vers la mer immense, il en délivrait la Cité.
Donc demain, ayez, encore plus qu'à l'accoutumée, une pensée pour toutes vos "ombres silencieuses"