LE DEPOT MONETAIRE D'OBOLES MASSALIETES DU CASTELET A FONTVIEILLE
Ce dépôt d’oboles massaliètes et divisions, trouvées au Castelet de Fontvieille (Bouchesdu-Rhône) complète celui publié en 1970 par Henri Rolland dans la Revue numismatique. Trouvé au même endroit, peu de temps après le premier, il a une composition semblable : oboles massaliètes entières ou divisées au burin, oboles locales concaves.
La signification de ce dépôt n’est pas claire ; pécule modeste constitué en période de pénurie monétaire, à la fin du ier siècle, comme le pensait H. Rolland, ou dépôt cultuel constitué dans une zone sacrée. Mots clés – Oboles massaliètes, oboles concaves, oboles divisées, pécule, pénurie monétaire, dépôt cultuel. Summary – This deposit of Massiliot obols and divided obols found in Castelet de Fontvieille (Bouches–du-Rhône) supplements that published in 1970 by Henri Rolland in the Revue numismatique. Discovered at the same place, shortly after the first one, it has a similar composition: obols from Massalia, whole or divided using a chisel, and local concave obols. The meaning of this deposit is not clear, whether modest savings formed in a period of monetary shortage at the end of the first century BC, as H. Rolland proposed, or a cultic deposit in a sacred site. Keyswords – Obols from Massalia, concave obols, divided obols, small hoard, monetary shortage, religious deposit.
En 1970, Henri Rolland publiait dans la Revue numismatique l’étude d’un petit dépôt monétaire, «trouvé fortuitement sur la hauteur du Castelet de Fontvielle (Bouches-duRhône). Il était dans une anfractuosité du rocher, à environ 20 cm de la surface du sol ». Ce dépôt se composait de 59 monnaies dont 48 oboles de Marseille. Les pièces ont par la suite été vendues à un particulier et ont disparu. Cet article vient apporter de nouveaux éléments sur la découverte d’origine et en modifier d’autres, qui sont erronés (lieu exact, circonstance de la découverte…). Il vient aussi compléter, par l’apport de nouvelles pièces appartenant au même dépôt, le lot de monnaies étudié par Henri Rolland en 1970. * Agrégée d’histoire. 559, la Croix de la chaire 42800 Genilac.
Le lieu de la découverte Le site du Castelet, à Fontvieille, est connu par la richesse archéologique de ses vestiges de tous les temps. En effet, nous trouvons, sur cette même terre, des restes du Néolithique (menhirs, silex taillés…), des sépultures collectives du Chalcolithique (hypogées), des vestiges des âges du bronze et du fer (oppidum, stèles…), mais aussi de l’époque romaine et du Moyen Âge (château du Castelet). L’âge du fer, période qui nous intéresse plus particulièrement pour l’étude de ce dépôt, est bien représenté. Les restes d’un ancien oppidum sont encore visibles derrière le Mas actuel. Les terres agricoles, tout autour, présentent un mobilier céramique très varié de cette époque : céramiques fines dites campaniennes, attiques, grises monochromes, etc., ainsi que des amphores étrusques, italiques, massaliètes ou autres. Le dépôt monétaire n’a pas été trouvé sur cette zone d’habitat mais, au contraire, dans une zone isolée, plus à l’ouest, dans une forêt de chênes. Nous avons là, une petite colline, dont la surface est d’environ 150 m2 et dont la hauteur ne doit pas dépasser sept ou huit mètres par rapport au reste du bois. Ce monticule reste néanmoins le point le plus haut de cette zone du Castelet et est visible de très loin. Contrairement à ce qui a été écrit auparavant, les monnaies trouvées à la fin des années 1960 n’ont pas été découvertes dans une anfractuosité, toutes ensemble, mais étaient étalées sur une surface d’environ 20 m2 , dans le peu de terre qu’il reste sur la cime du monticule rocheux. L’inventeur les a recherchées en tamisant cette terre. La découverte d’un nouveau lot, à la fin des années 1970, vient confirmer ceci, et précise même que les monnaies étaient dispersées sur une zone bien déterminée : la bordure sud-ouest du monticule. C’est ce lot, complémentaire du premier que nous présentons ici. D’autres objets métalliques ont été trouvés en même temps que les monnaies : trois fibules à ressort dont une en argent, une boucle d’oreille en argent et trois disques à décor perlé en bronze d’origine probablement cultuelle. Il est probable que nous avons affaire à des objets à usage d’ex-voto ou d’offrandes.
Le nouveau lot de monnaies Il se compose de :
- 14 oboles massaliètes ou divisions ;
- 12 oboles ou divisions, intentionnellement coupées au burin ;
- 2 oboles légèrement concaves à l’avers lisse ;
- 2 oboles non massaliètes ;
- 3 flans d’argent lisses ;
- 21 débris d’argent.
Le catalogue suit ce plan et à l’intérieur de chaque catégorie, les oboles sont classées par ordre décroissant de poids ; pour chaque monnaie, nous indiquons le métal ; la description du droit et du revers ; le poids en g ; le module en mm, l’épaisseur en mm ; l’axe en termes de cadran horaire. Quand c’est possible, nous donnons la référence de Feugère-Py 2011, qui classe les oboles en fonction de la typologie du droit : OBM 8 à la tête cornue ; OBM 10, avec favoris ; OBM 11, sans favoris.
Nous complétons cette référence par le catalogue des monnaies massaliètes du musée de Lyon, (Brenot-Scheers 1996) et par l’étude des 1 600 oboles des fouilles d’Entremont (Gentric, à paraître).
1. Les oboles massaliètes
D/ Tête juvénile à droite pour la monnaie no 5 (?), à gauche pour les autres.
R/ Roue à quatre rayons ; MA dans deux des cantons.
1.1. Les oboles entières
- 1. AR fourrée, très oxydée, en 2 morceaux ; œil visible/M[A] non bouletée ; 0,47 g ; 8,4-7 mm.
- 2. âme de BR ; tête oxydée sans favoris/ croix pointée, MA non bouletées ; 0,47 g ; 7,4-8,7 mm ; 0,5 mm ; 7h ; Feugère-Py 2011, OBM 11.
- 3. âme de BR ; flan quadrangulaire ; tête usée sans favoris/ croix non pointée, MA non bouletées ; 0,44 g ; 9 mm ; 0,4 mm ; 5 h ; Feugère-Py 2011, OBM 11. - - 4. AR ; boucles à crochets, longs favoris striés/ croix non pointée, M[A] légèrement bouletée ; 0,37 g ; 7,8-8 mm ; 0,4 mm ; 4 h ; Feugère-Py 2011, OBM 10 ; Brenot-Scheers 1996, groupe IV.
- 5. AR ; tête usée, sans doute à droite ? / croix pointée, MA non bouletées ; 0,29 g ; 6,5-7,1 mm ; 0,6 mm ; 7 h ; Feugère-Py 2011, OBM 7 ?
- 6. âme de BR ; tête usée sans favoris/ croix pointée, MA bouletées ; 0,26 g ; 7,7-8 mm ; 0,3 mm ; 6 h ; Feugère-Py 2011, OBM 11.
- 7. AR rognée ; tête écrasée peu visible /MA faiblement bouletées ; 0,23 g ; 6,6-7,5 mm ; 0,2 mm.
- 8. AR rognée ; tête usée / croix pointée ; 0,22 g ; 5,2-6,2 mm ; 0,6 mm.
- 9. AR rognée ; usé / usé ; 0,19 g ; 5,6-6,9 mm ; 0,2 mm.
- 10. AR cassée ; tête cornue/croix pointée ; 0,16 g ; 5 mm ; 0,6 mm ; Feugère-Py 2011, OBM 8.
- 11. AR rognée ; traces de tête à gauche très usée /un quartier de la croix anépigraphe ; 0,14 g ; 5,5-6 mm ; 0,3 mm. 4 Gisèle Gentric / Philippe Ferrando RN 2013, p. 000-000
- 12. AR ; profil, œil en creux / croix pointée, MA non bouletées ; 0,14 g ; 6,1-6,5 mm ; 0,3 mm ; 12 h.
- 13. AR oxydé ; illisible/ croix pointée, MA non bouletées ; 0,11 g ; 6-6,2 mm ; 0,3 mm.
- 14. AR ; tête usée / croix non pointée, M non bouletée ; 0,04 g ; 3,8-4 mm ; 0,1 mm.
Ces oboles entières, classées ici par ordre décroissant de poids sont légères, puisque les plus lourdes ne pèsent que 0,47 g ; certaines étaient fourrées et il ne subsiste que leur âme de bronze (nos 2, 3, 6). L’exemplaire no 1, très oxydé, délité en 2 morceaux semble avoir été fourré avec un alliage contenant principalement du fer. Leur qualité, d’une manière générale, est très médiocre. Ce sont des monnaies usées qui ont beaucoup circulé. Les exemplaires les plus légers (nos 7 à 14) au poids compris entre 0,04 et 0,23 g ont également un module réduit, inférieur à 7 mm. La question peut se poser de leur qualité de division d’obole, hémi-obole ou même tartemorion, c’est-à-dire quart d’obole. Effectivement, il est difficile de penser que ces piécettes légères aient pu être acceptées comme de véritables oboles. Par ailleurs, Henri Rolland avait reconnu l’existence de divisions «officielles» dans le lot qu’il avait étudié ; en effet, il avait constaté l’existence de coins nettement plus petits pour frapper les minuscules monnaies correspondant au quart d’une obole, de poids théorique de 0,16 g4 . Cela ne semble pas être le cas ici où les coins sont toujours plus grands que les flans, à l’exception cependant de l’exemplaire no 14 où le coin de revers semble adapté au module.
1.2. Les oboles coupées au burin
1.2.1. Oboles entamées au quart ou au tiers
- 15. AR ; sans favoris ; chevelure en 2 rangées de S couchés réguliers/ croix pointée, MA bouletées ; 0,51 g ; (7)-10,3 mm ; 0,4 mm ; 12 h ; FeugèrePy 2011, OBM 11.
- 16. AR noir ; tête très usée, cornue ?/ croix pointée, MA petites non bouletées ; 0,51 g ; (6,8)-10 mm ; 0,7 mm ; 9 h ; Feugère-Py 2011, OBM 8 ou 11.
- 17. AR ; oreille apparente, stries parallèles sur nuque/croix non pointée, MA petites non bouletées ; 0,37 g ; (6,9)-9 mm ; 0,4 mm ; 12 h ; FeugèrePy 2011, OBM 11.
1.2.2. Oboles ou divisions coupées en deux
- 18. AR ; boucles à crochets, boucle frontale, 3 boucles temporales, longs favoris striés/ croix pointée, MA fines et bouletées ; 0,30 g ; (5,4)-8 mm ; 0,5 mm ; 5 h ; Feugère-Py 2011, OBM 10 ; Gentric, à paraître, 2-2.
- 19. AR ; usée, bas du profil seul visible / croix non pointée, A bouletée ; 0,27 g ; (4,7)-7,7 mm ; 0,3 mm ; 5 h ; Feugère-Py 2011, OBM 11.
- 20. AR ; une petite partie de la chevelure seule visible / croix pointée M fine bouletée ; 0,20 g ; (5,3)-8,6 mm ; 0,2 mm.
- 21. AR ; cornue? / croix pointée A épaisse non bouletée ; 0,19 g ; (4,2)- 8 mm ; 0,4 mm ; 9 h ; Feugère-Py 2011, OBM 8 ?
- 22. AR ; bas du visage seul visible ; mèches en S sur nuque /M bouletée ; 0,19 g ; (2,6)-7,4 mm ; 0,6 mm ; 11 h.
- 23. AR ; lisse /trace de croix centrale et d’une lettre ; 0,08 g ; 3,2-5,2 mm ; 0,4 mm. 1.2.3. Oboles coupées en quatre
- 24. AR ; mèche frontale retombant sur le front/ croix pointée, A bouletée ; 0,23 g ; 4,5 mm ; 0,6 mm ; 12 h.
- 25. AR ; boucles arrière seules visibles/barre de la croix entaillée (pour coupe), A non bouletée et M? ; 0,17 g ; 4,3 mm ; 0,4 mm.
- 26. AR ; illisible, traces d’entailles/croix ? ; 0,12 g ; 3-5 mm.
Nous avons donc 12 oboles ou divisions, coupées au burin ou à la cisaille. La qualité des oboles est ici meilleure que dans le groupe d’oboles entières. La coupe est assez grossière ; dans certains cas, on a seulement diminué l’obole, dans d’autres cas, on a voulu couper exactement en deux, ou en quatre, en suivant par exemple la croix du revers. Le résultat est inégal : des traces du coup de burin sont visibles (par exemple no 25) ; on a des grosses moitiés (no 18) ou des petites moitiés (no 22). Le no 23, au poids très faible correspond à la division en deux d’une division probable (tartemorion ?) ou d’une obole déjà fortement rognée. Cette opération a été faite sur place puisque les unités 22 et 24 ont été coupées dans la même obole ; ainsi, peut-elle être rassemblée aux trois quarts (figure 1). Dans la première partie du dépôt étudiée par H. Rolland, 15 pièces avaient été coupées, les poids allant de 0,09 g à 0,55 g, ce qui avait été interprété par l’auteur comme une preuve de la pénurie de numéraire nécessaire pour les transactions modestes, à l’époque de la constitution de ce dépôt.
2. Les autres oboles
2.1. Obole de type massaliète avec lettre au droit
D/ Tête à gauche sans favoris, boucles à crochets, mèche sur oreille ; à l’arrière T.
R/ Roue à quatre rayons, pointée au centre ; MA bouletées. Deroc 1999, type VIII ; Richard 2004, type VIII ; Feugère-Py 2011, OBV 8.
- 27. AR ; 0,32 g ; 7,9-9 mm ; 0,6 mm ; 6 h.
Cette obole a longtemps été attribuée à Marseille, mais la répartition des trouvailles, presque exclusivement sur la rive droite du Rhône (ou à proximité comme ici) a conduit plusieurs auteurs à proposer une «frappe sinon arécomique, du moins pour les Arécomiques ». (Feugère-Py 2011, p. 233, qui suivent Deroc 1999, p. 9 et Richard 2004). Elle est datée du ier siècle av. J.-C.
2.2. Oboles concaves
D/ Masse globuleuse.
R/ Roue à quatre rayons, pointée au centre, MA fines et bouletées, la barre du A brisée. Deroc 1982, p. 125 ; D’Hermy 2007, p. 73 ; Feugère-Py 2011, OBP-3.
Ces oboles ont la particularité d’être légèrement concaves ou scyphates.
- 28. AR ; 0,44 g ; 9,3-10,3 mm ; 0,8 mm.
- 29. AR ; 0,25 g ; 8,2-9,5 mm ; 0,2 mm.
Ces oboles sont des imitations d’oboles massaliètes, originaires de Provence occidentale (salyennes ?), émises au ier siècle av. J.-C. Rolland 1970 (p. 113) signale 4 oboles concaves d’un type différent, avec le même avers globuleux, mais un revers anépigraphe avec 2 globules sur la croix (Feugère-Py 2011, OBP-29). 5. Rolland 1970, p. 112-113. Le dépôt monétaire d’oboles massaliètes du Castelet à Fontvieille 7 RN 2013, p. 000-000
2.3. Obole inédite
D/ Tête à droite, mèches parallèles rejetées en arrière.
R/ Corne d’abondance ?
30. AR ; 0,27 g ; 7,6-8,6 mm ; 0,4 mm ; 1 h.
À notre connaissance, cette obole est inédite. Le poids pourrait en faire une hémiobole. On peut rapprocher le droit de celui des hémioboles de Provence occidentale, présentant au revers des motifs en forme de « croissant de lune » ou de « corne » (Feugère-Py 2011, OBP-31 et 32). Le revers à la « corne d’abondance » pourrait être imité des oboles de Cabellio à légende LEPI (FeugèrePy 2011, CAV-2545) frappées sous le gouvernement de Lépide en 44-42. Il pourrait donc s’agir d’une obole indigène de Provence occidentale, frappée après cette dernière date.
3. Flans en argent lisse
- 31. AR ; 0,19 g ; 3,5-4 mm ; 1 mm ; rond avec un tenon de coulée, dimension d’un tartemorion.
- 32. AR ; 0,17 g ; 4,3-7 mm ; 0,3 mm ; flan rectangulaire.
- 33. AR ; 0,12 g ; 3,7-4,6 mm ; 0,5 mm ; rond, dimension d’un tartemorion.
4. Débris d’argent
- 34. 21 débris, résultant probablement de l’activité de partage des oboles ; les morceaux sont trop petits pour être identifiés, mais de nombreux débris portent la marque du ciseau ; poids total : 1,58 g.
Conclusion
Ce lot de monnaies se situe bien dans la continuité de celui étudié par H. Rolland en 1970, avec principalement des oboles massaliètes dont quelques-unes divisées au burin et 4 oboles concaves locales. Les oboles de notre lot sont de datation différente ; on trouve : des oboles anciennes, certainement antérieures au IIe siècle comme les exemplaires 5-15-16-17-21 ; des oboles du IIe siècle, comme l’exemplaire 18, qui est typologiquement proche, par le droit.
La première partie du pécule étudiée par H. Rolland comprenait également 1 petit bronze de Marseille au taureau cornupète, 1 monnaie gauloise, 2 monnaies d’origine vraisemblablement orientale, 2 monnaies de la colonie de Nîmes et 1 monnaie romaine. (Rolland 1970, p. 111). RN 2013, p. 000-000 et le revers des oboles majoritaires sur le site d’Entremont, occupé entre 160 et 90 av. J.-C. ; l’exemplaire 4, avec les coins de droit et de revers plus larges que les flans est caractéristique du ier siècle.
Les oboles péri-massaliètes avec une lettre au droit (no 27) et les oboles concaves au droit globuleux (nos 28-29) sont datées du Ier siècle av. J.-C. Les oboles entières sont légères, usées, fourrées tandis que les oboles de meilleure qualité ont été divisées en demi-oboles ou en quart d’oboles. Visiblement, ce travail de division a été fait sur place, comme l’attestent les nombreux débris de métal qui faisaient partie du dépôt, ainsi qu’un demi et un quart se raccordant pour former une obole presque complète (figure 1). On peut s’interroger sur l’origine et la fonction des flans lisses, de la dimension et du poids d’une division d’obole (nos 31-33) ; ont-ils été récupérés dans un atelier monétaire et utilisés aussi comme menue monnaie d’échange ? À quoi correspond ce dépôt monétaire ? Pour H. Rolland, il s’agissait d’un pécule très modeste, caractérisé par un numéraire de faible valeur, le terminus post quem pour la constitution de ce dépôt étant donné par un denier républicain, daté de 49 av. J.-C.8 . Pour lui, ce pécule, constitué à la fin du ier siècle apparaissait bien caractéristique d’une époque, où une pénurie de numéraire se conjuguait avec l’augmentation des besoins pour les transactions quotidiennes. Cette situation devait probablement être mise en relation avec l’arrêt des frappes d’argent massaliètes suite à la défaite de la cité devant Rome, en 49 av. J.-C. Le propriétaire inconnu de ce pécule avait tenté de résoudre ce problème en récupérant les oboles usées et abîmées d’époques antérieures encore en circulation et en cisaillant les exemplaires les plus beaux pour en faire des divisions. Notre étude, qui complète le lot étudié par H. Rolland peut aboutir aux mêmes constatations ; cependant, une autre interprétation pourrait être faite, liée aux véritables conditions de la trouvaille, exposées plus haut. Il ne s’agirait pas d’un pécule perdu par son propriétaire, à la fin du Ier siècle av. J.-C., mais plutôt d’un ensemble de pièces déposées ici, peut-être à la fin du Ier siècle, peut- être pendant plusieurs décennies, par les habitants du Castelet, dans un but cultuel. Cela expliquerait l’étalement chronologique des pièces trouvées, leur démonétisation par le burin, la présence de débris d’argent non monétaires et d’autres objets métalliques. La question reste ouverte.
Bibliographie :
Brenot-Scheers 1996 : Cl. Brenot, S. Scheers, Les monnaies massaliètes et les monnaies celtiques, Musée des Beaux-Arts de Lyon, Louvain, 1996.
Crawford 1974 : M. H. Crawford, Roman republican coinage, Cambridge, 1974, 2 vol.
Deroc 1982 : A. Deroc, Les oboles scyphates des Salluvii, Cahiers numismatiques, no 71, mars 1982, p. 123-125.
Deroc 1999 : A. Deroc, Quelques émissions mal connues d’oboles à la roue de Marseille, Cahiers numismatiques, 340, juin 1999, p. 3-11.
D’Hermy 2007 : H. d’Hermy, Massalia Les oboles des périodes classique et hellénistique 410-49 av. J.-C. et leurs imitations locales, Nice, 2007.
Feugère-Py 2011 : M. Feugère, M. Py, Dictionnaire des monnaies découvertes en Gaule méditerranéenne (530-27 avant notre ère), Montagnac-Paris, 2011. Gentric, à paraître : G. Gentric, (en collaboration avec J.-Cl. Richard Ralite), Les monnaies d’Entremont, dans Publication du site d’Entremont, P. Arcelin et G. Congès (dir.), (RAN numéro spécial), à paraître.
Gruel-Lacoste 2007 : K. Gruel, D. Lacoste, La fabrication monétaire à Bibracte, dans Les monnaies gauloises et romaines de l’oppidum de Bibracte, K. Gruel et L. Popovitch (éd.), Glux-en-Glenne, 2007, p. 25-34.
Martin-Kobierzyki 2009 : E. Martin-Kobierzyki, L’établissement protohistorique du Castelet (Fontvieille, Bouches-du-Rhône) : étude d’une collection ancienne, Documents d’Archéologie méridionale, 32, 2009, p. 211-254.
Richard 2004 : J.-Cl. Richard, Une obole de typologie massaliète provenant de Nages (Gard) et les émissions de la région nîmoise portant des lettres au droit, BSFN, juin 2004, p.125-126.
Rolland 1970 : H. Rolland, Deux dépôts de monnaies massaliotes, RN, 1970, p. 111-115, pl. XVIII-XIX. Sydenham 1952 : E.A. Sydenham, The coinage of the Roman Republic, London, 1952. 10
Nous remercions les personnes consultées qui ont donné leur avis sur cette obole mystère ; Joëlle Bouvry, Michaël Crawford, Michel Feugère, Samuel Gouet, Michel Py, Jean-Claude Richard, Père Pau Ripollès, Simone Scheers, Johan Van Heesch.